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Sans mesure forte, être journaliste restera un métier risqué en RDC

Sans mesure forte, être journaliste restera un métier risqué en RDC

Pendant les années Kabila, la banalisation de la violence s’est développée en totale impunité, et les commanditaires des assassinats des 10 journalistes tués sous sa présidence n’ont jamais été traduits en justice.

La liberté d’informer était également malmenée en ligne, où Internet était régulièrement coupé et où les réseaux sociaux étaient bloqués, comme ce fut le cas lors de la dernière élection présidentielle. Bien qu’elles aient connu un léger recul à l’arrivée du nouveau président Félix Tshisekedi, en janvier 2019, les atteintes à la liberté de la presse, se maintiennent à un niveau alarmant. Selon le rapport de Reporter Sans Frontière sur la liberté de la  presse en 20121 publié au mois d’Avril, la RDC occupe la 149ème place au Classement mondial de la liberté de la presse 2021.

Arrestations, agressions, menaces, exécutions, médias suspendus, pillés ou saccagés… Pour la seule année 2020, 116 exactions recensées par Journaliste en danger (JED), l’organisation partenaire de RSF en RDC. Ainsi, plusieurs journalistes ont été détenus après des plaintes de gouverneurs, l’un des correspondants de RFI est poursuivi par une ancien ministre, et de nombreux reporters ont été agressés, menacés, voire contraints de se cacher à cause des groupes armés qui sévissent dans l’est du pays.

Un journaliste est d’ailleurs toujours porté disparu – ses ravisseurs ont indiqué à la famille qu’ils l’avaient exécuté. Plusieurs journalistes très suivis ont également été victimes d’une campagne de calomnies visant à les discréditer.

Alors que la crise sanitaire du coronavirus a entraîné quelques violations, celles-ci ont connu des proportions plus limitées que celles liées à l’épidémie Ebola en 2019, qui avait eu de lourdes conséquences sur le journalisme : un directeur de radio avait été assassiné et de nombreux médias communautaires avaient été laissés à l’abandon par les acteurs en charge de la riposte.

Sans mesures concrètes, la promesse du chef de l’État congolais de faire des médias un « véritable quatrième pouvoir » restera lettre morte. L’adoption d’un nouveau cadre légal pour remplacer la loi de 1996, qui criminalise les délits de presse, et la mise en place d’un mécanisme favorisant l’accès à l’information publique, la protection et à la sécurité des journalistes apparaissent comme des préalables indispensables au renouveau promis en matière de liberté de la presse. Sans actes forts, l’espoir de voir la situation s’améliorer reste vain.

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