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Collectif des organisations des droits de l’homme sensibles aux conflits (ICDH, RENAF, LYCOPADEL, AETA, COLLECTIF24, SYFES ET ADESA) Codhsc/Kivu en RD Congo

Collectif des organisations des droits de l’homme sensibles aux conflits (ICDH, RENAF, LYCOPADEL, AETA, COLLECTIF24, SYFES ET ADESA) Codhsc/Kivu en RD Congo

ALERTE SUR LA SITUATION D’INSECURITE AU KIVU ( Nord et Sud Kivu

Le CODHSC/Kivu  en République Démocratique du Congo, est très préoccupé par la situation sécuritaire de plus en plus volatile dans la province du Nord-Kivu, avec une incidence directe sur la province voisine du Sud-Kivu.

Au regard de la progression exponentielle des terroristes du M23 sur les lignes de front depuis l’arrivée des forces de l’EAC au Nord-Kivu, qui ont créé des zones tampon en violation flagrante de la feuille de route de Luanda et de Nairobi qui leur demande clairement de combattre ou frapper sans pitié le M23 et d’autres groupes négatifs, et non tenir des multiples réunions inédites avec eux ou créer des zones tampon, le CODHSC/Kivu  prend la communauté internationale à témoin face aux crimes graves qui sont commis au Nord-Kivu et la volonté délibérée des troupes de l’EAC de faciliter la balkanisation de la RDC.

Le CODHSC/Kivu dénonce également les tentatives d’infiltration et d’attaque imminente de la province du Sud Kivu à partir de Minova, les Haut-Plateaux et l’ilot d’Ibindja dans le territoire de Kalehe ainsi que du Parc de Nyungwe, la ville de Bugarama et le poste frontalier de Kamanyola au Rwanda où des positions et matériels militaires seraient présentement renforcés, toujours sous silence total de la communauté internationale et des forces de l’EAC, au sein desquelles on veut imposer en plus la RDC à admettre des officiers rwandais.

En outre, le CODHSC/Kivu saisit cette occasion pour dénoncer l’hypocrisie des chefs d’Etat de l’EAC qui, au lieu de condamner fermement l’agression de la RDC par le Rwanda et l’Ouganda sous couverts du M23 lors de leur 20ème sommet tenu à Bujumbura au Burundi le samedi 04 février 2023, ont plutôt demandé à la RDC de fournir des explications par rapport à l’expulsion sur son sol des officiers rwandais qui faisaient partie des troupes de l’EAC. Pire encore, le CODHSC/Kivu  constate non sans regret que les chefs d’Etat de l’EAC sont allés plus loin en donnant des injonctions à la RDC, de faciliter le déploiement rapide d’autres troupes de l’EAC, notamment celles du Soudan du Sud et de l’Ouganda, comme qui dirait les congolais sont satisfaits de la prestation de celles précédemment déployées depuis plus de deux mois. Fort de ce qui précède, le CODHSC/Kivu  exprime toute sa grande déception face aux forces de l’EAC et de la communauté internationale qui s’abstiennent d’agir face aux tentatives d’extermination du peuple congolais et la complicité de balkanisation de la RDC.

Pour rappel, Un massacre commis fin novembre dans deux localités de l’est de la République démocratique du Congo a fait 171 morts parmi les civils, a indiqué mardi le Bureau des droits de l’homme de l’ONU dans le pays, révisant à la hausse un précédent bilan.

Une enquête préliminaire de l’ONU avait établi, en décembre, un bilan de 131 morts, tandis que les autorités de Kinshasa avaient évoqué environ 300 morts dans ce massacre.

Dans son rapport annuel publié mardi, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté des cas d’”exécution sommaire d’au moins 171 personnes dans les localités de Bambo et Kishishe, entre le 21 et le 30 novembre 2022″, dans la province du Nord-Kivu.

Ce massacre a été “commis par le M23” en guise de “représailles contre les civils pour leur collaboration supposée avec les forces de défense et de sécurité nationales et des groupes armés rivaux”, indique-t-il.

De son côté, l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) a affirmé lundi 6 février 2023 dans un rapport que “les rebelles du M23 ont tué sommairement au moins 22 civils à Kishishe” à la suite d’affrontement avec des milices locales.

Dans son rapport, le BCNUDH note qu’au cours de l’année 2022, la situation au Nord-Kivu a été largement impactée par la résurgence du groupe M23.

Mouvement majoritairement tutsi, le M23 (pour “Mouvement du 23 mars”) s’est emparé ces derniers mois de vastes pans de territoires au nord de Goma et continue sa progression au nord-ouest de la capitale provinciale du Nord-Kivu.

La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce qui est corroboré par des experts de l’ONU et les pays occidentaux, bien que Kigali s’en défende.

Pour le BCNUDH, le redéploiement des forces de sécurité vers le front du M23 dans le territoire de Rutshuru  (au nord de Goma) a “entraîné un vide sécuritaire dans d’autres territoires”.

Cette situation a permis à d’autres groupes armés locaux d’étendre leur domination dans cette région en proie à l’insécurité depuis près de 30 ans.

En réponse à l’offensive du M23, “l’armée congolaise collabore avec des milices à caractère ethnique responsables d’exactions”, note par ailleurs le rapport.

En 2022, le BCNUDH “a documenté 5.969 violations et atteintes aux droits de l’homme” dans l’ensemble du pays, soit “une diminution de 15%” par rapport à l’année précédente.

Environ 85% des cas de violations et atteintes aux droits de l’homme documentés ont été enregistrés dans les provinces de l’est (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika). Et dans 60% des cas documentés, les groupes armés sont responsables.

Dans un contexte sécuritaire très complexe comme celui que vivent les populations de cette partie du pays, personne ne peut accepter qu’une journée ville morte au Nord Kivu se transforme en manifestation puis déborde jusqu’au pillage des biens des tiers.

« Nous  dénonçons  et  condamnons  de la manière la plus ferme, le débordement de la ville-morte à Goma (7 février 2023)  qui s’est transformée à une marche violente. Non seulement à une marche, mais à des scènes de pillage, de saccage des biens d’autrui. Cela est totalement inacceptable », déplore Mr KAKIRA Seth, Porte-Parole du CODHSC/Kivu 

Il souhaite que les coupables soient sanctionnés et appelle la population de Goma au calme :« Nous  demandons  que les responsables puissent répondre de leurs actes. Nous appelons  les uns et les autres au calme. Nous ne pouvons pas jouer au jeu de l’ennemi qui veut qu’il y ait instabilité dans la ville de Goma, afin de l’infiltrer et d’occuper la ville de Goma. Nous appelons la population de Goma à la vigilance. Si nous nous prêtons au jeu de l’ennemi nous finirons par légitimer l’action de l’ennemi. Nous en appelons au gouverneur de province, au maire et à la police et les services spécialisés à assurer la sécurité de la ville de Goma ».

MR KAKIRA Seth  dit toutefois soutenir totalement la revendication de la population exigeant que la Force de la Communauté de l’Afrique de l’Est(EAC) soit offensive et non observatrice.

Lundi 6 février 2023, ce qui devait être au départ une journée ville morte à l’appel des organisations de la société civile dont des mouvements citoyens s’est transformée, dès le matin, en manifestation de colère.  Une foule de manifestants, composée essentiellement des jeunes, est descendue dans les rues de la ville de Goma exigeant le départ de la Force de l’EAC qu’elle juge passive face à l’avancée des rebelles du M23 dans la région.

Ces manifestants avaient barricadé toutes les artères principales de la ville. Du coup, écoles, magasins, boutiques, banques et stations-services n’ont pas fonctionné. Plus tard, cette manifestation a donné lieu à des actes de pillage, vandalisme et extorsion.

Constatant que la RDC est abandonnée à son triste sort par non seulement ceux-là en qui elle a cru dans sa bonne foi comme ses amis de la région, mais également toutes les organisations de l’union africaine et la communauté internationale, tous l’ayant trahis et adoptent comme unique position de la pousser au dialogue avec des terroristes qui servent les intérêts du Rwanda et de l’Ouganda, le CODHSC/Kivu demande toutes affaires cessantes :

  1. A la communauté internationale de cesser finalement avec l’hypocrisie face au génocide à répétition commis par le Rwanda et l’Ouganda en RDC sous couverts du M23, depuis plus de deux décennies, à la recherche de la balkanisation de la RDC et l’exploitation de ses ressources naturelles.
  2. Aux Présidents de l’EAC de cesser de compromettre la souveraineté de la RDC, en lui donnant des injonctions comme si elle était sous leur tutelle.
  3. Au Gouvernement congolais de :
    • Renforcer les actions militaires en comptant plus sur les Forces Armées de la République Démocratique du Congo pour contraindre une fois pour toute le M23 et autres forces négatives, au regard de la trahison des forces de l’EAC qui jouent un double-jeu sur terrain, contrairement à leur mandat ;
    • Ordonner la fermeture totale de toutes les frontières et petites entrées, entre la RDC ainsi que le Rwanda et l’Ouganda, et ce, jusqu’à la normalisation sincère des relations, entendu que pendant plus d’une année de la pandémie à coronavirus, les congolais ont mené leur vie sans ces deux pays car les frontières étaient fermées, et ils n’en étaient pas morts ;
    • Trouver des nouveaux alliés en dehors de la région et des anciens amis internationaux qui ont montré leur hypocrisie en soutenant à ciel ouvert l’ennemi pour pérenniser les massacres et l’exploitations des ressources naturelles en RDC.
  1. Au parlement congolais de, convoquer urgemment une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale et du Sénat, et au besoin les deux chambres réunies en congrès, afin de décider du retrait ou non de la RDC de l’EAC et de l’expulsion sans délai du territoire congolais de toutes les troupes de l’EAC qui facilitent au M23 la progression vers la balkanisation du pays.
  2. Aux services de sécurité et de migration de :
    • Renforcer la surveillance de l’afflux migratoire et des différents coins formels et informels d’entrée sur le territoire congolais (ports, aéroports, rivières, etc.) ainsi que l’identité des visiteurs et serveurs dans des hôtels, Nganda et boites de nuit au Sud-Kivu et au NordKivu ;
    • Traquer toutes les personnes considérées comme malades mentaux (fous) en errance à la cité ou dans nos villages et les acheminer dans des centres psychiatriques, entendu qu’il n’est pas impossible qu’elles soient des espions qui se font passer comme des fous.
  1. Aux autorités locales (chefs d’avenues, chefs de quartiers, de villages, etc.), de se rassurer du fonctionnement du système dit « Nyumba kumi » afin de contenir tout mouvement suspect ou toute visite étrange dans leurs milieux.
  2. A la population de/d’ :
    • Observer une résistance populaire farouche comme vers les années 1998 et 2004, en répondant massivement et spontanément à tout appel de la société civile s’inscrivant dans cette logique pour barrer la route aux ennemis du Congo, particulièrement le Rwanda et l’Ouganda, sous couverts du M23 ainsi que la complicité de la communauté internationale et des organisations de l’union africaine;
  • Etre vigilante lors de la résistance pour ne pas tomber dans le piège de l’ennemi qui forge un génocide de plus au Congo afin de semer la terreur et atteindre son objectif, celui de balkaniser et d’assurer l’exploitation continue des ressources naturelles de la RDC ;
  • Eviter de se livrer à la destruction des édifices publics et infrastructures routières ou d’entraver la circulation rapide des services de sécurité, entendu que l’ennemi commun qu’on combat ne perd rien dans de telles actions ;
  • Soutenir sans relâche les FARDC, la police et dénoncer tout mouvement suspect auprès des autorités compétentes, particulièrement les « Nyumba Kumi ».
  1. Aux jeunes d’éviter toute manipulation visant à détourner leur attention pouvant les amener à se soulever contre les FARDC, la police ou les autorités, voire tomber dans la guerre civile.
  2. Aux collèges des étudiants et particulièrement les brigades des campus universitaires, d’organiser un système de sécurité capable de dénicher toute infiltration et/ou organisation suspecte au sein des campus et/ou aux alentours des Universités à Goma et à Bukavu
  3. Aux taximen et conducteurs des motos de faire le bruit des klaxons chaque 12h00 et remonter urgemment l’information auprès des responsables de leurs associations et/ou des services de sécurité lorsqu’ils sont en face d’un client suspect.
  4. Aux églises et la population de reprendre le système de sonner les cloches, les sifflets, les tambours et tout autre objet pouvant produire un bruit chaque 12H00, signe de protestation contre l’agression dont est victime la RDC de la part de certains de ses voisins, mais également organiser des messes œcuméniques d’éveil de conscience patriotique en vue de préparer les fidèles et les citoyens en général à la résistance, pour toutes fins utiles.

Aux OSC/RDC particulièrement du Nord et Sud Kivu de documenter et faire le monitoring de tous les cas des violations commises par le Rwanda et l’Ouganda sous couverts du M23 sur le sol congolais et partager les informations au gouvernement congolais et autres partenaires crédibles pour que tôt ou tard les auteurs et complices répondent de leurs actes.

Fait à Bukavu, le 07 février 2023

Les OSC signataires

  1. ADESA Sud Kivu
  2. AETA Sud Kivu
  3. LICOPADEL
  4. ASBL RENAF/Kivu
  5. SYFES/Kivu
  6. COLLECTIF24
  7. ICDH/Est de la RDC ( Ituri, Nord et Sud Kivu)

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