RDC : lutte contre la corruption, entre tâtonnements et lueurs d’espoir
En République démocratique du Congo, la lutte contre la corruption n’est plus un sujet marginal : elle est devenue un enjeu central du discours politique et de la gouvernance. Mais au-delà des slogans et des promesses, une question s’impose : assistons-nous à de réelles avancées ou à une série de tâtonnements confus et souvent sans suite ?
Le tableau général reste préoccupant. Les rapports successifs de Transparency International et les alertes des ONG locales pointent une corruption systémique, enracinée dans presque tous les secteurs de la vie publique : douanes, justice, police, marchés publics, éducation, santé… Le citoyen ordinaire continue de vivre dans un système où le “paye d’abord pour exister” prévaut sur le droit.
Et pourtant, des signaux positifs existent, qu’il ne faut pas balayer d’un revers de main. Sous la présidence actuelle, plusieurs audits ont été commandités, des inspections menées, et des arrestations parfois spectaculaires ont secoué les hautes sphères de l’administration et des entreprises publiques. Le cas emblématique de la Gécamines ou encore les dossiers de détournements de fonds publics dans la gestion du programme de 100 jours ont, à un moment donné, donné l’impression d’un sursaut éthique.
Mais cette impression est vite tempérée par l’absence de suites judiciaires claires, les libérations inexpliquées, ou l’utilisation de certains procès à des fins politiques. Le manque d’indépendance de la justice et l’opacité des procédures font douter d’une volonté réelle de déraciner le mal.
Pire, les institutions censées incarner la moralisation de la vie publique, comme l’Inspection générale des finances (IGF), se retrouvent parfois elles-mêmes au centre de controverses, ce qui fragilise leur légitimité et renforce le scepticisme de la population.
Alors, tâtonnement ou avancée ? La vérité se situe sans doute entre les deux. Il serait injuste d’ignorer les efforts déployés çà et là, mais dangereux de les exagérer. Car la lutte contre la corruption en RDC ne peut réussir que si elle devient structurelle, cohérente et impartiale, loin des règlements de comptes politiques ou des opérations médiatiques.
Elle exige des réformes profondes : justice indépendante, transparence dans la gestion des ressources naturelles, protection des lanceurs d’alerte, éducation civique, et surtout, volonté politique constante, au-delà des cycles électoraux.
Le peuple congolais aspire à un État où l’intégrité n’est pas l’exception mais la norme, où les ressources nationales profitent à tous, pas à une minorité. Pour y parvenir, les demi-mesures ne suffiront plus. Il est temps de sortir du tâtonnement et de passer à l’action réelle.
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