Accès à l’information en RDC : une loi attendue, une démocratie suspendue

Accès à l’information en RDC : une loi attendue, une démocratie suspendue

Il est des lois qui ne font pas les gros titres mais qui conditionnent, silencieusement, la vie démocratique d’un pays. En République démocratique du Congo, la loi sur l’accès à l’information publique fait cruellement défaut. Pourtant, son absence est lourde de sens : elle entrave la transparence, affaiblit la participation citoyenne et suspend, de fait, l’ambition démocratique.

Dans une société où l’État reste le principal détenteur de l’information, l’accès à celle-ci devient un enjeu fondamental de pouvoir. Qui sait quoi ? Qui peut questionner quoi ? Et sur quelles bases ? Aujourd’hui encore, en RDC, obtenir un document administratif, consulter un budget communal, ou connaître le contenu d’un contrat public relève de l’exception, voire de l’impossible. L’information publique, qui devrait appartenir aux citoyens, est souvent traitée comme un secret d’État.

Cette situation maintient le pays dans un climat d’opacité institutionnalisée. Elle prive les citoyens de leur droit de savoir et les empêche d’exercer pleinement leur devoir de veille. Elle bloque le travail des journalistes, restreint l’action des ONG, et rend pratiquement illusoire le contrôle citoyen des politiques publiques. Bref, elle vide la démocratie congolaise de sa substance.

Les conséquences sont multiples : la corruption prospère à l’ombre du silence, les décisions publiques échappent à l’examen critique, et la méfiance s’installe entre gouvernants et gouvernés. Pendant ce temps, les promesses de transparence, de bonne gouvernance et de lutte contre l’impunité sonnent creux.

Pourtant, ce vide législatif n’est pas une fatalité. Plusieurs pays africains ont déjà franchi le pas. Le Nigeria, le Kenya, le Burkina Faso ou encore l’Afrique du Sud se sont dotés de lois d’accès à l’information, avec des résultats concrets en matière de transparence administrative. Alors, qu’attend la RDC ?

Des propositions de loi existent. Des plaidoyers sont portés par la société civile, des journalistes, des défenseurs des droits humains. Mais les débats peinent à franchir le seuil du Parlement, étouffés dans l’indifférence ou freinés par une culture du secret profondément ancrée dans les institutions.

Le refus — ou la lenteur — d’adopter cette loi n’est pas neutre. Il traduit une réticence politique à être redevable, à rendre des comptes, à ouvrir les coulisses du pouvoir à l’œil citoyen. Et tant que cette loi ne sera pas promulguée, la démocratie congolaise restera suspendue entre discours de façade et réalité opaque.

Il est temps d’agir. Il est temps que l’accès à l’information devienne un droit effectif, garanti par la loi, soutenu par l’État et exigé par tous. Car sans information, il n’y a pas de participation. Et sans participation, il n’y a pas de démocratie digne de ce nom.

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