RDC : L’accès à l’information, otage d’une culture du secret tenace
En RDC, le droit d’accès à l’information demeure un vœu pieux, étouffé entre les plis d’une administration opaque et les silences stratégiques du pouvoir. Alors que la Constitution de 2006 garantit ce droit fondamental, la réalité sur le terrain donne une tout autre image : celle d’un pays où l’information publique est traitée comme un privilège réservé, non comme un droit citoyen.
Dans un contexte où la transparence devrait être le socle de la démocratie, la culture du secret continue de régner en maître. Ministères, entreprises publiques, gouvernorats : les portes restent closes, les rapports sont verrouillés, les chiffres maquillés ou introuvables. Les demandes d’information restent sans réponse, et lorsqu’un journaliste ose insister, il se heurte à des intimidations, parfois même à l’arrestation.
La méfiance est institutionnalisée. L’État congolais semble fonctionner sous une logique de rétention volontaire, dans un système où « moins le peuple sait, mieux se portent les élites ». Ce comportement trouve ses racines dans l’histoire politique du pays, façonnée par des décennies d’autocratie, de gestion autoritaire et d’opacité bureaucratique.
Pourtant, les signes d’un basculement existent. Des journalistes d’investigation courageux, des ONG locales, des plateformes citoyennes et même certaines institutions indépendantes – comme l’Inspection générale des finances (IGF) – militent pour plus d’ouverture. Le numérique, lui aussi, bouscule les lignes : les réseaux sociaux deviennent des contre-pouvoirs où circulent documents fuités, vidéos d’abus et témoignages ignorés par les canaux officiels.
Mais ces efforts resteront insuffisants sans une réforme structurelle. Il est temps que la RDC adopte une loi claire et contraignante sur l’accès à l’information, à l’image des pays africains plus avancés en la matière. Il est temps de former les agents publics à la culture de la transparence, de protéger les journalistes et les lanceurs d’alerte, et de considérer l’information non pas comme une menace, mais comme un pilier de redevabilité.
L’accès à l’information n’est pas un luxe démocratique. C’est une exigence citoyenne, un outil de lutte contre la corruption, un moteur de participation publique. À l’heure des Objectifs de développement durable et de la gouvernance ouverte, la RDC ne peut plus avancer les yeux bandés, ni gouverner dans le brouillard.
Le temps est venu de choisir : préserver la culture du secret, ou construire une démocratie fondée sur la vérité partagée.
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