RDC : « Sans transparence, la démocratie n’est qu’un décor fragile. » (Collectif 24)
Dans un pays où les citoyens manquent d’eau, d’électricité et parfois même d’espoir, l’information est un bien tout aussi vital, mais souvent négligé. En République démocratique du Congo, l’accès à l’information publique reste, à ce jour, un parcours du combattant. Ce droit fondamental, pourtant garanti par l’article 24 de la Constitution, est piétiné par une culture du secret profondément enracinée dans les pratiques de gouvernance.
Dans les couloirs des administrations publiques, l’information n’est pas un service dû au peuple, mais un pouvoir jalousement gardé. Les chiffres sur les finances publiques, les contrats miniers, les dépenses électorales ou les marchés publics sont enveloppés de silence. Pire, ceux qui osent poser des questions – journalistes, militants, simples citoyens – sont souvent vus comme des perturbateurs, voire des ennemis du système.
Cette situation n’est pas seulement une entorse aux principes démocratiques ; elle est aussi un terreau fertile pour la corruption, les détournements, l’impunité. Comment peut-on demander des comptes à ceux qui refusent de rendre des comptes ? Comment lutter contre les abus si les faits sont invisibles ? Sans transparence, la démocratie n’est qu’un décor fragile. Sans accès à l’information, le citoyen est condamné à l’ignorance.
Et pourtant, le vent de la transparence souffle à nos portes. Les jeunes générations réclament des institutions redevables. Des journalistes courageux bravent la censure. Des ONG locales développent des plateformes de veille citoyenne. L’Inspection générale des finances (IGF), bien que parfois critiquée, a montré que des enquêtes publiques peuvent éveiller les consciences.
Mais cela ne suffit pas. Il faut une volonté politique claire : celle d’adopter une loi sur l’accès à l’information, conforme aux standards internationaux, dotée de mécanismes de mise en œuvre, de recours, et de sanctions. Il faut former les fonctionnaires, non pas à cacher, mais à communiquer. Il faut protéger ceux qui informent, et punir ceux qui bâillonnent.
La RDC ne peut aspirer à la paix, à la justice et au développement en restant prisonnière d’un modèle hérité d’un autre temps. Le secret d’État ne doit plus être un refuge, mais l’exception. La norme, aujourd’hui, doit être la transparence.
Il ne s’agit pas d’une option, mais d’une urgence. Car dans une nation où la vérité est verrouillée, la liberté ne peut être qu’illusoire.
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